Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/506

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le peu de ſuccés de ſon voyage ; le deſespoir de Spitridate ; la reſolution qu’il avoit priſe de delivrer la Princeſſe ; & l’ordre qu’il avoit donné pour cela. Il me dit donc que les Troupes qu’il commandoit en ſon particulier avoient leur Quartier tout le long du courant du Fleuve : qu’ainſi il faloit que nous ſortissions de la Ville la nuit dans un Bateau : & que nous allaſſions aborder à l’endroit où eſtoient ſes Troupes : qui nous eſcorteroient juſques a la Mer, qui n’eſtoit qu’à cinquante ſtades de là : & qu’il avoit donné ordre au Port le plus proche, de s’aſſurer d’un Vaiſſeau. Il me dit encore que pour obliger la Princeſſe à ſe confier en luy, Spitridate vouloit le premier luy faire voir qu’il ſe confioit en elle : c’eſt pourquoy, me dit il, la Princeſſe envoyera s’il luy plaiſt juſtement à my-nuit à une Porte de la Ville, qu’il me nomma ; avec ordre de le laiſſer entrer : car je sçay qu’il s’y doit rendre, avec un Eſcuyer ſeulement. Je vous laiſſe à penſer, Seigneur, ſi je fus en diligence trouver la Princeſſe, & luy mener Democlide : quoy que tout ce que je luy diſois, luy donnaſt matiere d’eſtonnement & de douleur, neantmoins il ne ſe falut pas amuſer à faire des pleintes : & il falut reſoudre à partir dés la nuit prochaine. Comme toutes les femmes qui eſtoient avec elle luy avoient eſté données par Artane, nous ne ſongeasmes point à les mener : & comme tous ces Capitaines avoient eſté du mauvais Parti, elle eſtoit un peu en Peine de sçavoir ſi elle devoit s’y confier. Neantmoins comme ils luy avoient teſmoigné beaucoup d’affection, depuis la mort d’Artane, elle avoit quelque regret de les abandonner à la victoire de ſes ennemis : Toutefois l’ayant priée de conſiderer, qu’elle ne