Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/544

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demeura à combatre ceux des Montagnes : comme les Eſtoiles eſclairoient aſſez, parce que le Ciel eſtoit fort ſerein & fort découvert, ce Combat de nuit fut pourtant aſpre & ſanglant. Thraſibule & Aglatidas firent des merveilles, a ſeconder la valeur de Cyrus, qui ne trouva pas une petite reſistance à ceux qu’il combatoit : car le Prince Phraarte qui s’y trouva, ſe deffendit en homme deſesperé, & fit des choſes dignes de memoire. Neantmoins ayant eſté bleſſé au bras droit & à la main gauche, en façon qu’il ne pouvoit plus tenir ſon Eſpée : il ne ſongea plus qu’a taſcher de ſe ſauver. Il recula donc, ſuivy de quinze ou vingt des ſiens, pendant que les autres faiſoient encore ferme : & ſans que Cyrus ny ſes gens s’en aperçeuſſent, il gagna un petit Valon, où tombe un torrent du haut des Montagnes : & là il ſe tint caché, eſperant que quand le Combat ſeroit finy, les Troupes de Cyrus ſe retireroient, & qu’il pourroit peut-eſtre apres regagner le chemin des Rochers. Cependant le reſte de ſes gens ayant eſté taillé en pieces, & Cyrus ne trouvant plus rien qui luy reſistast, fut voir ce que le Roy d’Aſſirie auroit fait : il le trouva encore aux mains avec les Ennemis, qui ne fuyoient pas ſelon leur couſtume, parce qu’ils sçavoient que le Prince Phraarte eſtoit engagé. Neantmoins eſperant à la fin qu’il auroit regagné quelque autre endroit de la Montagne : & l’arrivée de Cyrus renforçant eſtrangement le Roy d’Aſſirie : ils ſe retirerent juſques à un paſſage au delà duquel on ne pouvoit plus les pourſuivre : parce qu’il eſtoit ſi eſtroit, que deux hommes ſuffisoient pour y faire teſte à cent mille. Apres avoir donc fait tout ce qu’ils croyoient pouvoir faire, & comme ils ne ſongeoient plus qu’à ſe reſſembler