Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/606

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de la condition dont le Peuple vous croit : & qu’ainſi je ſuis obligée de vous demander pardon, de toutes les incivilitez que je vous ay faites, pendant que vous avez eſté icy. Je m’imagine que vous ſerez aſſez equitable, pour ne me le refuſer pas : & que vous ne trouverez point mauvais, qu’une perſonne qui aime paſſionément la verité, ne refonde pas à tant de choſes incroyables dont voſtre Lettre eſt remplie. Cependant ſoyez perſuadé, qu’il vous eſt advantageux que je ne les croye point : & que ſans l’opiniaſtreté de Leoſthene, vous ne verriez pas eſcrit de ma main le Nom

D’ALCIONIDE.


Mais, Seigneur, pour me haſter de vous dire des choſes plus conſiderables, Leoſthene revint, & m’aporta la Lettre que je viens de vous reciter : qui toute indifferente qu’elle eſtoit, me donna une ſi grande joye, que je ne penſe pas que j’euſſe pû me refondre à m’eſloigner de Gnide, ſans eſcrire encore une fois à Alcionide, ſi une tempeſte ne ſe fuſt levée, qui me força de ſouffrir qu’on levaſt les Anchres, & que l’on priſt la pleine Mer.

Cependant je fus vers Milet, ſuivant les advis du ſage Thales : & en y allant j’eus le bonheur de rencontrer deux des Vaiſſeaux que l’avois perdus. Mais en eſchange, j’eus le malheur bien toſt apres, d’apprendre que le Prince de Phocée eſtoit revenu à Milet, auſſi toſt que Thimocrate en avoit eſté party, pour aller rendre conte aux Amphictions de ce qui s’y eſtoit paſſé : que ce Prince avoit deſtruit tout ce que Thimocrate y avoit avancé