Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/655

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Aglatidas, propoſa de l’envoyer à Ecbatane : & de le forcer à prendre le Gouvernement de la Province des Ariſantins, qu’Otane n’avoit pas voulu accepter : s’imaginant bien meſme que comme il pouvoit alors eſperer la poſſession d’Ameſtris, puis que ſon Mary eſtoit mort, il ne refuſeroit plus une choſe qu’il n’avoit refuſée que parce qu’il ne vouloit plus vivre. Il fut donc reſolu qu’Aglatidas partiroit dés le lendemain, pour s’en aller à Ecbatane : qu’il meneroit Artabane aveques luy : & qu’il aſſureroit aux Peuples de Medie, que Ciaxare s’en retourneroit bientoſt. Au ſortir du Conſeil, Cyrus envoya querir Aglatidas, pour luy dire cette bonne nouvelle : qu’il reçeut ſans doute avec autant de joye, que Megabiſe en eut de douleur. Il remercia Cyrus avec des paroles ſi propres à exprimer ſa reconnoiſſance : qu’il eſtoit aiſé de voir, que la paſſion qui le poſſedoit n’eſtoit pas petite. Il luy teſmoigna pourtant avoir du deſplaisir de le quitter : & en effet il en avoit ſans doute autant, qu’un Amant qui va revoir ſa Maiſtresse en peut avoir. Cyrus l’aſſura qu’il auroit ſes dépeſches dés le ſoir : & l’embraſſant eſtroitement, ſouhaitez, luy dit il, mon cher Aglatidas, que je ſois bien toſt en eſtat de ne porter plus d’envie à la ſatisfaction que vous allez avoir de revoir voſtre chere Ameſtris. Je deſire de tout mon cœur, que vous la trouviez telle qu’elle doit eſtre ; c’eſt à dire auſſi fidelle, que vous me l’avez repreſentée aimable & parfaite. Artabane fut auſſi prendre congé de Cyrus : & le lendemain ces deux Amis s’en allerent enſemble à Ecbatane. Mais pour conſoler Megabiſe, Cyrus luy fit donner une des principales Charges de la Maiſon du Roy, qui n’avoit pas encore eſté remplie depuis qu’elle eſtoit