Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/656

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vacante. Cette conſolation fut pourtant foible dans ſon eſprit, en comparaiſon de l’inquietude qu’il avoit, de ce qu’Aglatidas reverroit bientoſt Ameſtris : mais n’y sçachant que faire, il falut qu’il euſt patience. Ce jour là il vint encore nouvelle que Creſus armoit puiſſamment : & qu’il ſolicitoit tous les Peuples de l’Ionie de ſe ranger de ſon Parti. De ſorte que Cyrus voyant une occaſion ſi favorable de ſecourir le Prince Thraſibule, ne la voulut pas perdre : & le jour ſuivant il propoſa à Ciaxare, qu’en cas que le Roy de Lydie euſt quelque deſſein qui regardaſt ſes Eſtats, comme il y avoit beaucoup d’apparence, il eſtoit touſjours avantageux de faire diverſion, & d’occuper les Troupes Lydiennes en plus d’un lieu. Ainſi il fut reſolu, que le Prince Thraſibule, accompagné d’Harpage, qui avoit de l’experience, ayant ſuivi le feu Roy des Medes à toutes les guerres qu’il avoit faites, s’en iroit avec dix mille hommes paſſer en Capadoce : où Ariobante feroit faire de nouvelles levées, pour joindre à quelques Troupes que Ciaxare luy avoit laiſſées en partant de Sinope, pour tenir ce Royaume là en paix : que cette Armée eſtant ſur pied, Thraſibule en ſeroit General, Harpage commandant ſous luy : & que ſans avoir beſoin de nouveaux ordres, il pourroit au nom du Roy, & à celuy de Cyrus, punir ou pardonner ſelon qu’il le trouveroit à propos. Cependant comme Cyrus avoit une inquietude dans l’eſprit, qui luy perſuadoit que Mandane pouvoit eſtre partout, & que de par tout il en pouvoit venir des nouvelles : l’Amour qui eſt touſjours ingenieux, luy fit inventer la Poſte, qu’il eſtablit par toute l’eſtenduë des conqueſtes qu’il avoit faites : afin de pouvoir eſtre adverti