Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/662

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promptement delivrer la Princeſſe Mandane. De ſorte que ſans perdre temps, on commanda deux mille Chevaux de la Cavalerie Medoiſe, qui eſtoit la meilleure de toutes : mille de celle du Roy d’Aſſirie, & mille Homotimes, qui eſtoient les meilleures Troupes d’entre les Perſans. Comme ils sçavoient par l’advis qu’on avoit reçeu, qu’Abradate ne menoit que deux mille Chevaux, ils n’en prirent que quatre mille, afin de le pouvoir plus toſt joindre : sçachant bien que la marche des grands Corps eſt touſjours fort lente. Ils n’en auroient pas meſme tant pris, n’euſt eſté qu’ils eurent peur d’eſtre contraints de ſe ſeparer, afin de trouver pluſtost ce qu’ils alloient chercher l’un & l’autre : tous les Princes & tous les Volontaires qui eſtoient à cette Armée furent à cette occaſion, à la reſerve des Rois de Phrigie & d’Hircanie, qui demeurerent aupres de Ciaxare. Tigrane & Phraarte n’y manquerent pas : & jamais il ne s’eſt veû de gens de guerre, partir avec un plus violent deſir de vaincre. Cyrus & le Roy d’Aſſirie avoient dans les yeux une fierté extraordinaire ; & l’on euſt dit qu’ils ſe tenoient ſi aſſurez de delivrer Mandane, qu’ils recommençoient deſja de ſe regarder comme ennemis. Ils agirent pourtant avec ſincerité de part & d’autre, & meſme fort civilement : mais malgré eux leurs regards deſcouvroient une partie des ſentimens de leur ame. Enfin ils prirent congé de Ciaxare : & chargez des vœux & des acclamations de tout le Peuple d’Artaxate, pour l’heureux ſuccés de leur entrepriſe, ils furent avec une diligence incroyable vers les frontieres d’Armenie, & juſques dans le Païs des Matenes, qui avoient alliance aveques tous leurs voiſins, & qui eſtoient demeurez en