Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/75

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ou qu’il ſentoit encore : il ne fut pas marri d’employer une apreſdisnée en un divertiſſement ſi proportionné à ſa fortune, n’ayant nulle autre choſe neceſſaire à faire ce jour là : car il avoit eſté au Camp le matin ; & le Roy faiſoit quelques dépeſches pour Ecbatane. Apres donc qu’il eut fait placer Marteſie au lieu où elle devoit eſtre pour bien entendre celuy qui devoit parler : qu’il ſe fut mis aupres d’elle, & que tout le monde ſe fut aſſis par ſon ordre : il voulut que Thimocrate parlaſt le premier, & qu’il adreſſast la parole à Marteſie comme à ſon Juge, quoy qu’elle s’y oppoſast. De ſorte qu’apres un ſilence de quelques momens (pendant lequel Cyrus demanda tout bas à Marteſie, ſi elle ne plaignoit pas un peu un homme qui ſouffroit tous les maux des quatre Amants malheureux qu’elle alloit entendre) Thimocrate commença de parler en ces termes.


HISTOIRES DES AMANTS INFORTUNEZ.

Auparavant que de vous parler de mes malheurs en particulier, je trouve qu’il eſt neceſſaire que je vous conjure de ne vous laiſſer point preocuper par la beauté des diſcours de ceux qui s’oppoſent à la qualité que je veux prendre, du plus malheureux