Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/81

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que d’y avoir placé leurs Offrandes. J’y admiray comme eux un Collier magnifique, que l’on dit avoit eſté autrefois à la fameuſe Helene : & un autre encore, que l’on aſſure qui eſtoit à Eriphile. Je vy ce ſuperbe Throſne d’or, que l’Ayeul du Roy de Phrigie a donné : les ſix vaſes que Giges y envoya, du poids de trente Talents : diverſes Statuës du meſme Metal que divers Princes y ont données : des Gerbes d’or, que ceux de Smirne & d’Apollonie y ont offertes : deux grandes Cuves d’or maſſif, d’un ouvrage merveilleux, & capables de contenir cent muis d’eau, dont on ſe ſert à mettre celle que l’on conſacre à une Feſte que nous appellons Theophanie. Je vis en ſuitte au milieu de tant de richeſſes, que je ne m’arreſte pas à décrire exactement, & qui ont eſté données par toutes les Republiques de la Grece, des Obeliſques d’un ouvrage miraculeux, données par Rhodope : cette fameuſe Perſonne, de laquelle le frere de la sçavante Sapho a eſté ſi amoureux : & qui pour faire voir que c’eſtoit en Egipte où elle avoit paſſé la plus grande partie de ſa vie, avoit offert en Metal & en petit, ces Piramides admirables, dont on parle par toute la Terre. Enfin apres avoir bien regardé toutes ces rares choſes, & mille autres dont je ne vous parle point ; chacun alla prendre ſa place, & la ceremonie du Sacrifice commença. Je penſe qu’il eſt à propos que je ne m’arreſte pas à vous la décrire : tant parce qu’elle eſt fort longue, que parce qu’elle eſt inutile à mon diſcours. Je vous diray donc ſeulement, que l’on fait aller ceux qui doivent conſulter l’Oracle, juſques au pied du Parnaſſe, qui eſt tout contre le Temple : que l’on les oblige à ſe purifier, au bord de la celebre Fontaine Caſtalie : que de là ils partent