Page:Scupoli - Le Combat spirituel, traduction Brignon, 1703.djvu/162

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tombe insensiblement de la vertu qu’elle pratique, dans le vice qui lui est le plus contraire.

Le moyen de vous garantir de cette illusion est, qu’en quelque état de souffrance que vous vous trouviez, vous preniez garde à ne desirer jamais de faire aucune bonne œuvre, si elle est hors de saison ; parce qu’étant dans l’impatience de la pratiquer, vous ne pourrez en avoir que de l’inquiétude & du déplaisir. Persuadez-vous donc avec un vrai sentiment d’humilité & de résignation, que quand Dieu vous tireroit de cet état où vous êtes, tous les bons desirs que vous concevez maintenant, seroient peut-être alors sans effet ; parce que vous n’auriez pas le courage de les accomplir. Croyez du moins que le Seigneur, par une secrette disposition de la Providence, ou en punition de vos pechés, ne veut pas que vous ayez le plaisir de faire cette bonne œuvre, mais qu’il aime mieux vous voir soumis à ses volontés, & humilié sous sa main toute-Puissante.