nous rentrions en nous-mêmes, pour considérer attentivement jusqu’où va notre foiblesse ; parce que Dieu ne permet nos chûtes, qu’afin qu’éclairés d’une nouvelle lumiere, nous nous connoissions mieux que jamais, que nous apprenions à nous mépriser comme de viles créatures, & que nous concevions un desir sincere d’être méprisés des autres ; sans cela nous ne devons pas espérer d’avoir jamais la défiance de nous-mêmes, qui est fondée sur l’humilité & sur une connoissance expérimentée de notre misere.
En effet, quiconque veut s’aprocher de la vérité incréee, de la source des lumieres, doit nécessairement se connoître à fond, & n’être pas comme les superbes, qui s’instruisent par leurs propres chûtes, qui commencent à ouvrir les yeux, lorsqu’ils sont tombés dans quelque désordre honteux & imprévû ; Dieu le permettant ainsi, afin qu’ils sentent leur foiblesse, & que par cette funeste expérience, ils viennent à se défaire de