LA seconde tentation de l’ennemi de notre salut, est une vaine frayeur, qu’il tâche de nous donner, en nous remettant devant les yeux nos fautes passées, pour nous jetter dans le désespoir. Si vous vous trouvez en ce péril, prenez pour regle générale que la pensée de vos pechés est un effet de la grace, & qu’elle vous sera salutaire, si elle produit en vous des sentimens d’humilité, de componction, & de confiance en sa miséricorde divine. Mais sçachez aussi qu’elle vient du malin Esprit, lorsqu’elle vous cause du trouble & de la défiance qu’elle vous met dans l’abbatement, qu’elle vous rend lâche & timide ; quoiqu’il vous semble avoir de fortes raisons pour croire que vous êtes réprouvé, & qu’il n’y a point de salut pour vous.