SONNET.
Les rais de l’Eternel ſont ſainctes actions,
Les raions de ce Tout s’appellent des natures,
Et les rais plus brillans de nous ſes creatures,
Sont ſciences & arts noz meditations,
Trimegiſte, di moi, ces longues paßions
Que ie porte en mon flanc ſoubs les viues batures
De l’Amour mon ſeigneur, ſont-ce point les poinctures
Des rais plus eſclatans de ſes perfections ?
Non, ce n’eſt qu’vn poison, vne racine immonde
Qui bourgeonne au terroir de noſtre petit monde,
Qui tient comme vn Lion, noſtre eſprit abbatu :
Les rayons de l’Amour ſont des très-douces flammes,
Qui fomentent touſiours les plus diuines ames,
Et lui-meſme n’eſt rien qu’vn lien de vertu.
MVZAIN.
Si ie ne bruſloy de chaleurs,
Ie m’eſcoulerois tout en larmes :
Si ie ne m’eſcoulois en pleurs,
Ie bruſlerois dans mes allarmes.
Ores les pleurs, ores les feux
Me perdent & me fauoriſent,
Ie ne ſçaurois viure ſans eux,
Et moins mourir auec eux deux,
Il faut que mes maux s’eterniſent.