Page:Seconde partie des Muses françoises, 1600.djvu/261

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SONNET.

 Scamandre enflé des corps que ton bras abbatoit,
Te fit craindre, Gregeois, ſes ondes furieuſes :
Penſif tu regardois tes mains victorieuſes,
Alcide tempeſté dans la nef qui parloit :
 Tu appellois, Troyen, quand Iunon t’agitoit,
Les ames des occis quatre fois bien-heureuſes :
Et toi ſœur de Roger eus peur des mers affreuſes
le ciel courroucé car le vent tempeſtoit :
 Mais Amour furieux qui flotte dans mes larmes,
Hideuſes de ſouſpirs, de ſanglots & d’allarmes
Se iouë de mon cœur qui lui ſert de bateau.
 Ne crains-tu point, meſchant que tes flammes cuiſantes
s’eſteignent dans les flots mes larmes naiſſantes,
Puis que tous ces guerriers ont fremi deſſus l’eau ?


A. D. V.





MVZAIN.

Si i’euſſe pensé que ton ame
Euſt deu trébuſcher ſoubs les dons,
Et s’allumer dedans la flamme
De ſi ſordides Cupidons ;
 I’euſſe inuoqué le Prince bleſme,
Encores qu’il ſoit ſans pitié,
I’euſſe vendu vn diadeſme,
Ie me fuſſe vendu moi-meſme,
Pour achepter ton amitié.


A. D. V.