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SONNET, A. D. DE BERVY.

baron de villenevve.

 BAron, ie regrettois tes deux yeux outragez
Par l’horrible mouſquet dont la fiere tẽpeſte
Perça de part en part tõ heaume & ta teſte,
Quand Laon veid à ſes pieds tant d’eſcadrons rangez.
 Mais helas ! mes poumons fierement rauagez
Par le cruel guerrier dont ie ſuis la conqueſte,
Se plaignent que mes yeux ſont cause de leur peſte,
Et que par leur fureur mes flancs ſont saccagez.
 Ie ne te plains donc plus, bien que ie plains encore,
Mais ie me plains voiant la beauté que i’adore
Maudiſſant iour & nuict l’ire de ſa durté.
 O bien-heureux celui qui ne void ces merueilles,
Et plus-heureux encor qui n’a œil ni oreilles !
il retient pour le moins la douce liberté.


A. D. V.





MVZAIN A VIRGILE.

 Ton parler n’a rien de mortel,
Honneur eternel de Mantouë,
Les Muses n’oient rien de tel,
Alors meſme qu’Apollon iouë :
 Ie t’offre pour les ſaincts threſors
De tes maieſtez nompareilles ;
Non point ce que prennent les morts
Soubs les vigueurs de tes accords ;
Mais vn cœur paſmé de merueilles.


A. D. V.