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I


Il serait vain de fonder le droit naturel sur la justice et la morale sur l’amour, ainsi qu’on l’a fait quelquefois, de même qu’il serait vain d’opposer la morale de la justice à la morale de l’amour. L’un ne va pas sans l’autre : être juste envers quelqu’un c’est le traiter comme étant son propre but ; l’aimer, c’est faire de lui mon but à moi-même ; l’amour enveloppe donc la justice, et tout ce qui sous le nom d’amour s’écarte de la justice, n’est qu’une mauvaise contrefaçon de l’amour. Réciproquement, traiter quelqu’un comme étant son but à lui-même, c’est déjà le vouloir ainsi, agir en conséquence, c’est prendre pour objet, de sa volonté, pour mobile de sa conduite le respect qu’on doit à cette personne. Nos désirs, nos passions influent sur nos jugements aussi bien qu’ils sont déterminés