Scène PREMIÈRE
Nous nous plaignons, nous autres domestiques, et nous avons tort. Il est vrai que nous avons à souffrir des caprices, des humeurs, des brusqueries, souvent des querelles, dont nous ne devinons pas la cause : mais au moins si cela fâche, cela désennuie. Eh ! l’ennui !… l’ennui !… Ah ! c’est une terrible chose que l’ennui… Si cela dure encore deux heures, ma maîtresse en mourra. Mais pour une femme d’esprit, n’avoir pas l’esprit de s’amuser, cela m’étonne. C’est peut-être que plus on a d’esprit, moins on a de ressources pour se désennuyer. Vivent les sots, pour s’amuser de tout ! Ah ! la voilà, qui quitte enfin son balcon.
Scène II
Madame a-t-elle vu passer bien du monde ?
Oui, des gens bien mouillés, des voituriers, de pauvres gens qui font pitié. Voilà une journée d’une tristesse… La pluie est encore augmentée.