Page:Sedaine - Théâtre.djvu/336

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GOTTE.

Je ne sais si madame s’ennuie : mais je vous assure que moi… de ce temps-là on est tout je ne sais comment.

LA MABQUISE.

Il m’est venu l’idée la plus folle… S’il était passé sur le grand chemin quelqu’un qui eût eu figure humaine, je l’aurais fait appeler pour me tenir compagnie.

GOTTE.

Il n’est point de cavalier qui n’en eût été bien aise. Mais, madame, monsieur le marquis n’aura pas lieu d’être satisfait de sa chasse ?

LA MARQUISE.

Je n’en suis pas fâchée.

GOTTE.

Hier au soir, vous lui avez conseillé d’y aller.

LA MARQUISE.

Il en mourait d’envie, et j’attendais des visites. La comtesse de Wordacle…

GOTTE.

Quoi ! cette dame si laide ?

LA MARQUISE.

Je ne hais pas les femmes laides.

GOTTE.

Vous pourriez même aimer les jolies.

LA MARQUISE.

Je badine & je ne hais personne. Donnez-moi ce livre. (Elle prend le livre.) Ah ! de la morale : je ne lirai pas. Si mon clavecin… Je vous avais dit de faire arranger mon clavecin ; mais vous ne songez à rien. S’il était accordé, j’en toucherais.