n’avait laissé mettre à mort, pour s’apaiser lui-même, son fils très-aimé, lequel d’ailleurs ne pouvait pas mourir.
— « Aué ! » soufflèrent avec admiration des récitants de quatrième rang, réjouis par la bonne histoire : le dieu n’était pas débile, ainsi qu’on avait cru : il se manifestait féroce ; et sa férocité surpassait tous les caprices et toutes les colères des atua connus ; — même de Tané, même de Ruahatu — puisque les offrandes coutumières à ceux-ci : perles, hommes, chèvres et fruits, n’avaient pas suffi à le rassasier, — mais seule la mort d’un autre dieu ! Il en imposait, vraiment. On se prit à le respecter d’avance. Cependant, d’autres écouteurs, et surtout les manants sans oreille et sans mémoire, et qui n’avaient pu comprendre, ne s’en émerveillaient pas moins. Mais un porte-idoles de bas ordre, chassé de son maraè, on le soupçonnait de frayer avec les méchants esprits, tenta de se divertir. Le grand-prêtre le confondit :
— « Les haèré-po mêmes ne pourraient point expliquer, sous un parler clair, pourquoi l’immensurable Mahui, fils du monde, coupa jadis en deux morceaux le monde maternel pour en former les cieux et les rochers ! Il n’est pas bon de refuser croyance à des récits obscurs : et ceux-là sont très beaux. On les conservera parmi les Mots-à-dire. » Lui-même se promit de les raconter à grands gestes dans les fêtes qui viendraient.