maladroitement rôtis, et, dans des vases transparents, qu’il savait fragiles, une boisson rouge semblable, pour ses vertus excitantes, au áva piritané. Il enveloppa les maigres offrandes d’un regard commisérateur : — « Est-ce là tout le repas du dieu ? » La foule s’agitait en ricanant. Des murmures dépités grondèrent. On ne pouvait croire à une telle misère, ou bien à une telle avarice ! Haamanihi, de nouveau, s’offrit à suppléer à cette indigence qu’il sentait compromettre fort le prestige étranger. Noté s’irrita :
— « Qu’avons-nous besoin de nourriture grossière et de remplir nos entrailles, comme vous dites, nous auxquels le mets de l’esprit est réservé ! » Puis, debout au milieu des autres, il prit en ses mains le fruit de uru, changea sa figure, leva les paupières et considéra le toit du faré. — Était-ce la coutume des inspirés dans son pays ? Enfin il prononça :
— « Iésu prit du pain, et après avoir rendu grâces, il le rompit et le donna aux disciples en disant : Prenez, mangez, ceci est mon corps. Il prit ensuite une coupe, et après avoir rendu grâces il la leur donna en disant : Buvez ceci tous, car ceci est mon sang, le sang de l’alliance qui est répandu… »
— « E aha ra ! » interrompit le grand-prêtre qui tressaillit d’envie : Voilà donc le rite ! Voilà donc aussi le mot à dire pour rassasier l’attente de la foule. Ces maigres offrandes n’étaient point le repas du dieu, mais au contraire le simulacre de ce dieu, et peut-être… l’atua lui-même, offert à l’homme