afin de lui communiquer des forces divines ! Le vieillard Téaé s’était changé en arbre, jadis, pour apaiser la faim dans l’île : le dieu Piritané se changeait en fruit et en boisson rouge pour aider à ses disciples : quoi de plus artificieux ! Haamanihi tourna vers les impatients un visage émerveillé, et désignant les hommes à peaux blêmes : — « Ceux-là vont manger leur dieu ! » Tout aussitôt, il réclama sa part du festin.
Tous y voulurent participer. Des transfuges, convaincus de sacrilèges ; des haèré-po tarés de négligences et d’oublis ; des échappés de rives malfaisantes et toute la racaille foraine abandonnée sur Tahiti par des pirogues importunes ; tous ceux-là, cassant les cordes, se ruèrent au milieu de manants, de porte-idoles, de messagers et de pêcheurs, et entourèrent les Piritané. Les uns comptaient bien retirer du rite plus de ruse, de forces et de chance ; d’autres, guérir certains maux inconcevables. Des femmes qui désiraient la stérilité s’approchèrent aussi puisqu’on ne les pourchassait plus. Un faux inspiré de la terre Hitia s’acharna par-dessus les autres : ses rivaux triomphaient, qui recevaient dans leurs ventres les souffles de dieux impalpables : que serait-ce donc, s’il se nourrissait, lui, de ce divin mets visible ! — Les voix se réunirent : « Manger le dieu ! manger le dieu ! » Sous la poussée, les poteaux du faré craquèrent.
Or, voici que le Piritané, bien que généreux par