étrangers, les hommes blêmes aux appétits de boucs, aux démarches de crabes, aux voix de filles impubères ! Si jamais il s’imposait de suivre des chefs, mieux valait, certes, s’abandonner à ces conducteurs de fêtes, les Arioï beaux-parleurs, beaux mangeurs, robustes époux ; en toutes choses, admirables et forts !
Un à un surgissaient les astres directeurs. Taürua levait sur la mer son petit visage brillant, et si radieux que le reflet dans l’eau jouait le reflet de la lumière Hina. Le départ était libre, et ouvertes les routes dans la nuit. Des centaines de serviteurs se hâtaient autour des pirogues. Les plus grandes, à flot déjà, vacillaient sous le fardeau de leurs quatre-vingts rameurs. D’autres, moins lourdes, abritées sous les très longs faré bâtis à leur mesure, sortaient de ces demeures terrestres. Sous la poussée des fortes épaules, elles glissaient vivement sur le sable, vers les eaux ; les pilotes grimpaient sur les plates-formes et considéraient les étoiles. Les chefs de nage, une perche à la main, haranguaient les pagayeurs. Les banderoles de fête claquaient doucement, invisibles, et bruissaient parmi les feuillages enlacés de l’aüté qui célèbre les départs, les rend propices et pompeux.
Les maîtres se comptèrent : l’un manquait : où donc Haaminihi ? Il avait, en même temps que les petits étrangers ses amis, disparu devant le torrent de fête : qu’il reste avec ses nouveaux compagnons !