noms, des rites, des nombres. Et ils peuvent, longtemps ensuite, les rechanter à loisir.
Quand, au milieu de ces chants, — qui sont peut-être récits originels, — leur mémoire hésite, ils baissent les yeux, consultent les signes, et poursuivent sans erreur. Ainsi leurs étoffes peintes valent mieux que les mieux nouées de tresses aux milliers de nœuds.
Paofaï rejette, hors de ses doigts, avec un dépit, la tresse qu’il a gardée du maître, et qui demeure aussi muette que lui, et morte comme lui : si Tupua s’était avisé de ces pratiques, il n’aurait point trahi sa tâche : de souffler, à ceux qui en sont dignes, tout les mots avalés par sa mémoire…
Or, Paofaï, — ayant incanté jadis contre les hommes au nouveau-parler ; ayant dénoncé les fièvres et les maux dont ils empliraient ses terres ; les ayant méprisés pour leur petitesse et leurs maigres appétits, — Paofaï, néanmoins, se prend à envier leurs signes.
Mais leurs signes, peut-être, ne sont pas bons à figurer le langage maori ? S’il en existait d’autres pour sa race ? — Paofaï reste indécis.
Où les trouver, ces signes-là ? Havaï-i, dans la terre Havaï-i, père de toutes les autres îles ? Et qui peut savoir les mots qui mènent sur Havaï-i ? Le haèré-po sait les mots. Mais le haèré-po se cache par prudence, et s’efforce à passer toujours pour « celui que vola le dieu ». — Il n’est pas bon