fourbe, faisant sauter la bourrasque, laissa voir le ciel illuminé, — et que l’épouvante, alors, se démesura et remplit toute la caverne sous le toit du monde… car le maléfice avait changé les étoiles du soir en étoiles du matin, et changé aussi les étoiles du matin en étoiles du soir… Et nul vivant n’aurait osé chercher son guide dans le chaos du ciel à l’envers !
VI
Des lunaisons passent, les petites lunaisons de Hina. Paofaï et Térii, et quelques pagayeurs, et quelques femmes aussi, ont pu gagner un îlot sans nom où ils ont vécu de poissons pris avec la main sur le corail, en courant de flaque en flaque ; où ils ont bu l’eau rare de la pluie tombée dans des trous creusés à la coquille. Peut-être qu’une autre pirogue les a trouvés sur leur récif et conduits dans cette terre où on les rencontra longtemps après, à Uvéa ; — dont les gens sont accueillants malgré leurs appétits et leurs coutumes de manger les hommes parfois. C’est pour tenir la mémoire de ce séjour que Paofaï composa ce récit mesuré :
A hoé ! l’île Uvéa n’est pas un motu. Pourtant elle est plate, malgré ses petites montagnes, comme un dos de poisson sans ailerons. Mais les errants n’ont pas le choix.