emplie de soleil, de silence et de petits souffles parfumés. Pour tous ces matelots coureurs des mers, pêcheurs de nacre ou chasseurs de baleines, les îles Tahiti recèlent d’inconcevables délices et de tels charmes singuliers, qu’à les dire, les voix tremblotent en se faisant douces, pendant que les yeux clignent de plaisir. Ces gens pleurent à s’en aller, ils annoncent leur retour, et, le plus souvent, ne reparaissent pas. — Térii ne s’étonnait plus de ces divers sentiments, inévitables chez tous les hommes à peau blême. Il en avait tant approché, durant ces vingt années d’aventures ! — jusqu’à parler deux ou trois parmi leurs principaux langages… Et décidément il tenait leurs âmes pour inégales, incertaines et capricieuses autant que ces petites souffles indécis qui jouaient, en ce matin-là, sur la baie Papéété.
Lui-même considérait le rivage d’un regard familier, se répétant, avec une joie des lèvres, les noms des vallées, des îlots sur le récif, des crêtes et des eaux courantes. Puis ramenant autour de lui ses yeux, il s’étonna que pas une pirogue n’accourût, chargée de feuillages, de présents et de femmes, pour la bienvenue aux arrivants. Cependant la rade et la rive semblaient, aussi bien que jadis, habitables et peuplées : les pahi de haute mer dormaient en grand nombre sur la grève, et des faré blancs, d’un aspect imprévu, affirmaient une assemblée nombreuse de riverains. — Nul ne se montrait, hormis deux enfants qui passaient au bord de l’eau, et une