souvenir malgré la longue et rude absence. Nul ne prit garde. Ils semblaient sourds comme des tii aux oreilles de bois, ou inattentifs. Et Roométua voulut bien expliquer :
— « Mon nom n’est plus Roométua, mais Samuéla. Et voici Iakoba tané ; et l’autre, c’est Ioané… Et toi, n’as-tu pas changé de nom aussi ? »
Térii acceptait volontiers que l’on changeât de nom en même temps que de pays ; voire, d’une vallée à une autre vallée. Lui-même, depuis son départ, avait, d’île en île, répondu à plus de douze vocables divers. Mais les mots entendus apparaissaient inhabituels ; à coup sûr, étrangers. Il répéta : — « Iakoba… » et rit au mouvement de ses lèvres.
— « Roométua, c’était un bien vilain nom, » continuait le discoureur, « un nom digne des temps ignorants ! » Il redit avec satisfaction : — « Samuéla… » et récita complaisamment :
« Dormait Elkana près de son épouse Anna vahiné : et l’Éternel se souvint de cette femme. — Et il arriva qu’après une suite de jours, Anna vahiné conçut et enfanta un fils qu’elle appela « Samuéla », parce qu’elle l’avait « réclamé au seigneur. »
Térii n’osait point demander à comprendre. Il hasarda : — « Et vous parlez souvent ainsi, en suivant des yeux les feuilles blanches ?
— Oui. Quatre fois par lunaisons, durant tout le