Page:Segalen - Les Immémoriaux.djvu/180

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jour du Seigneur. En plus, chaque nuit et chaque matin même.

— Mais pourquoi les femmes, au lieu d’écouter, n’ont-elles pas, tout d’abord, préparé le cochon pour le fétii qui revient ? J’ai faim, et je ne vois pas de fumée… »

On lui apprit que durant le jour du Seigneur, il est interdit de faire usage des mains, sauf en l’honneur de l’atua, le dieu ayant défendu : « Vous n’allumerez point de feu dans aucune de vos demeures, le jour du sabbat ». D’ailleurs voici que le soleil montait. Il fallait se rendre sans tarder au faré-de-prières, le grand faré blanc que le voyageur avait entrevu sur la rive, sans doute.

Térii s’étonnait à chaque réponse. Surtout il rit très fort quand une fille entra, vêtue de même que la femme entrevue déjà sur la plage : la poitrine cachée d’étoffes blanches, les pieds entourés de peau de chèvre. Malgré ces défroques étrangères, elle n’apparaissait point déplaisante, et Térii déclara, comme cela est bon à dire en pareille occurrence, qu’il dormirait volontiers avec elle. Les autres sifflèrent de mécontentement, ainsi que des gens offensés ; et la fille même feignit une surprise. — Pourquoi ? — L’homme qui avait récité les noms d’ancêtres, se récria :

— « La honte même ! pour une telle parole jetée ce jour-ci ! » Il ajouta d’autres mots obscurs, tels que : « sauvage » et surtout : « ignorant ».