gardés en leur mémoire. Elle nommait seulement, au hasard du chemin, les vieux compagnons rencontrés et commençait des histoires dont bien des paroles demeuraient obscures pour Térii.
Devant eux allaient les jeunes époux. Eréna, de la main et du coude, relevait sa longue tapa blanche que balançaient à chaque pas ses fermes jambes nues. Son bras serrait la taille d’Aüté ; et lui-même, incliné sur elle, caressait ses cheveux luisants. Les doigts courbés rampaient autour de son cou, effleuraient la gorge et la nuque, enfermaient l’épaule ronde, et, se glissant dans l’aisselle, venaient, à travers l’étoffe limpide, presser le versant du sein. Le corps de la fille cambrait sous l’étreinte vers la hanche de l’ami. Ils allaient d’un pas égal, d’un pas unique. Même, l’étranger avait perdu cette déplaisante et dure démarche des hommes qui n’ont point les pieds nus.
Térii les considérait. Aüté, d’une voix priante, implorait : — « Tu n’iras pas… Tu n’iras pas ? »
Eréna riait sans répondre. Il répétait : — « Tu m’as promis de ne plus jamais aller à bord des pahi où l’on danse. Il y a là de vilains hommes que je déteste. Tu n’iras pas ?
— Je ne parlerai pas aux matelots », assura la petite fille. « Je ne quitterai pas mon nouveau père. Je reviendrai très vite. » Aüté la regardait avec tristesse ; sa main pressa plus fort. Elle-même se serrait davantage pour effacer, par la caresse de son corps,