tremblaient ; le navire entier, secoué comme de rire, agitait toutes ses membrures. Mais parmi la foule turbulente et le tumulte, le jeune étranger réclamait toujours son épouse chérie.
Elle apparut devant lui, tout à coup, toute seule. Une lueur tomba sur la petite épaule nue. Aüté balbutiait très vite : elle était là ! malgré lui, malgré la promesse : oh ! qu’il en avait de la peine ! — Eréna, souriant à demi, entourait de son bras le jeune homme survenu elle ne savait pas très bien comment, et subissait avec patience les reproches longs, habituels aux étrangers. Lui, s’écartait. Alors elle espéra des coups… Non. Il la regardait gravement, avec d’autres parlers inutiles et ennuyeux, encore : — « Tu m’avais promis de ne pas venir, petite Eréna chérie… Pourquoi es-tu venue… Comment es-tu venue… Tu es mouillée… Comme tu as été méchante. Et qu’est-ce que tu as fait ici ? Tu n’as pas dansé devant les matelots ? Ces Farani sont mauvais pour les petites filles… Oh ! tu es toute mouillée ! » Il la pressait doucement, la voyant tremblante un peu. À travers leurs vêtements que l’eau faisait transparente à la peau, ils sentirent, à nu, leurs deux corps approchés. Eréna se cambra, membre à membre, avec tant de souplesse que le cher contact humide et froid le fit tressaillir. Les yeux attachés sur elle, il tordait en silence les beaux cheveux encore suintants que la mer avait emplis de paillettes poisseuses.
La fille se taisait, rassurée à peine : qu’avait pu