Les bons Farani menaient toujours une grande gaîté. Térii continuait à lever des rires, les femmes à danser, les couples à s’ébattre. Les chants et les cris ne faiblissaient pas, qui sont nourriture pour les hommes en liesse. Soudain, le voyageur songea : qu’avait-il donc imaginé, tout au long de ce jour d’arrivée ? La joie perdue ? L’île changée ? Il considéra longuement, en clignotant beaucoup, le navire en fête, le plaisir soufflant sur tous. Il vit la baie se parsemer de torches ; près de lui s’offrir des femmes dévêtues, cependant que d’incroyables provisions pour manger s’amoncelaient sur le pont. Il reprit : — « Quoi donc avais-je pu rêver, la terre Tahiti n’a pas changé ! pas changé du tout ! »
Il respira fortement, et, rassuré, se remit à boire, à danser, à s’égayer sans contrainte.