Térii se souvint de ce grand-prêtre qui feignait avec persévérance le respect des étrangers, afin de gagner leur aide : il apparaissait bien ingénieux ; mais les Arioï l’avaient chassé de leur troupe.
— « Eh bien ! Haámanihi fut attiré, avec adresse, hors de la vue de tous, auprès de la colline « de l’arbre isolé ». Là, un homme blême, un méchant matelot dont Pomaré suivait parfois les avis, s’agitait pour qu’on tuât le grand-prêtre. Nul n’osait. Il ne faut point réfléchir trop longtemps à un meurtre : abattre un guerrier à la guerre, bon cela ! mais hors la guerre, les coups portent mal. L’homme blême prit une hache et courut sur Haámanihi. Le vieux, sans armes, se sauvait en traînant sa grosse jambe. L’autre le joignit, et, par derrière, lui ébrécha l’épaule. Haámanihi roula sur le dos. Comme il hurlait, on lui écrasa la mâchoire et l’on s’enfuit. Le vieux cria jusqu’à la tombée du soleil.
— En vérité, il avait un bon gosier ! » ricana Térii, heureux de savoir son ennemi en pièces, mais il interrogea : — « Pourquoi donc l’atua Kérito, que Haámanihi servait par ruse, le laissa-t-il succomber ainsi ? »
Les Missionnaires avaient répondu à cela, que le prêtre était frappé sans doute en raison de grandes fautes passées : pour avoir troublé peut-être leur premier sacrifice, en offrant à Kérito des cadavres d’hommes. — « Et puis, » conclut Samuéla, « Ses desseins sont impénétrables, » et il poursuivit :