jetèrent d’autres éclats. La nuit fraîchissait. Les corps immobiles frissonnèrent un peu, et l’on s’étira, sans dormir encore, sous des étoffes chaudes fabriquées selon l’usage piritané, de poils de chèvres ou de semblables animaux. À l’écart, dans un recoin du faré, se caressaient Eréna et son amant, — réconciliés comme il en arrive toujours.
On leur avait donné, pour eux tout seuls, une natte qu’Aüté dissimulait derrière un coffre. Car les tané de son pays, et presque tous les hommes blêmes, ont coutume de se cacher quand ils caressent une femme. Ils ont bien d’autres manies encore. Eréna, dans son parler amusant, ne finissait pas de les narrer à ses compagnes. Elle était fière d’avoir si bien dérouté son ami : car il ne savait rien de ses vrais ébats sur le navire si plaisant. Et quand, repris de son inquiétude, il hasardait : — « Mais, qu’est-ce qu’ils t’ont fait les matelots… Au moins, tu n’es pas descendue dans le bateau avec eux !… » Eréna jurait que « Non ! sur le vrai Dieu ! » — bien que ce parler fût interdit par les Missionnaires. Or, ce soir-là, une amie de jeux, ignorant ce qu’il faut taire ou raconter devant des oreilles d’amant à peau blême, interrogea : « Tu as dû recevoir de bien jolis présents, du matelot qui t’a menée dans le ventre du pahi, et qui t’a gardée si longtemps ? »
Aüté sauta sur la natte ainsi qu’un homme réveillé trop vite, et dévisagea son amie. Il ne parut point encore décidé à la battre, mais il la repoussa