cartouches ; et ces petits morceaux lourds, on les fondait pour en façonner des balles. Et quelles vertus meurtrières n’auraient point ces armes, puisque le Livre même dont elles étaient faites, leur prêtait sa puissance. Or, le Livre disait : « J’enverrai ma terreur devant toi ; je mettrai en déroute tous les peuples chez lesquels tu arriveras, et je ferai tourner le dos à tous les ennemis. »
» Enfin, l’île Mooréa tout entière fut prête, et se mit debout. Comme on marchait vers la mer, le prêtre Noté parla, mieux qu’un orateur-de-bataille, et récita : « C’est peu, que tu sois mon serviteur, — pour relever les tribus de Iakoba. — Je t’établis pour être la lumière des nations — Pour porter mon salut jusqu’aux extrémités de la terre — Ainsi parle le Seigneur, le Sauveur, le Saint d’Israëlé… » Pomaré frémit, en criant : « Je suis ton serviteur, pour relever les tribus de Iakoba — Pour être la lumière des nations… » Et il fit bondir sa pirogue. Soixante autres, portant plus de cent mousquets, le suivirent. On se jeta sur l’île Tahiti. Le rivage était désert. On s’en empara. Pomaré loua le Seigneur de ce premier succès. »
Samuéla prit un instant de répit. Les lumières devenaient fumeuses. L’épouse Rébéka, secouant les noix brûlées, fit tomber les cendres. Les flammes