est plus digne, pour un guerrier, de fuir avec adresse, que de recevoir quelque mauvais coup sans profit : Pomaré s’était montré là bien avisé.
— « Les Missionnaires ne disent pas cela, » reprit Samuéla. « Ils condamnent ces ruses, et n’en ont pas de meilleures. — Cependant, Opufara ne put aller loin ; il tomba sur les genoux en étreignant un tronc de haári. Les mousquets faisaient merveille, toujours, et les païens, ayant vu trébucher leur chef, comprirent, par ce signe, que les dieux n’étaient plus avec eux. On les dispersa vite. Les guerriers du Seigneur, frémissant de joie, cherchaient Pomaré pour acclamer son nom. Mais Pomaré avait si bien couru, et si loin, qu’on ne put, de quelque temps, le découvrir. Des gens le joignirent enfin, assez haut sur la montagne, couché sous un abri de feuilles ; ils eurent peine à le convaincre du triomphe et que les païens n’existaient plus devant lui. Le chef vit ses fétii tout ruisselants de joie. Il reconnut la grande victoire, et bénit le Seigneur, disant : « Mon rêve était bon : l’atua Kérito a combattu dans ma personne et les païens ont disparu à mon regard. » Puis il lança vers l’île Mooréa deux pirogues messagères, dont les véa devaient crier partout : « Battus ! Ils sont battus ! par la Prière toute seule ! » Enfin, il surprit autour de lui quelques prisonniers dont il ordonna le massacre.
» Car il est dit, dans le Livre : « Tu dévoreras tous les peuples que l’Éternel, ton dieu, va te livrer,