des doigts, et sur laquelle s’incrustaient des centaines de petites figures, si confuses, si pressées, qu’elles pétillaient toutes et dansaient devant les yeux.
Iakoba parut s’impatienter. Sans répondre il considérait le chemin et la plage ainsi qu’un homme qui attend ou redoute la venue d’un autre homme. Paofaï parlait toujours pour soi-même :
— « Chacune de ces figures, bien chantée, désigne un être différent : ce poisson-là, nageoires ouvertes, est un dieu-Requin. Ceci représente : Trois-chefs-savants. On voit en plus la Terre, la Pluie, le Lézard mort. Voici la Baleine, et toute la suite des dieux-fardés : le dieu peint-en-rouge, le dieu peint-en-jaune, le dieu à l’œil-contourné. D’autres signes, — Paofaï les indiquait avec une hésitation, — sont moins discernables : Éclat-du-Soleil — une Chose-étrange — les Yeux-de-la-terre — Homme excitant le vent — deux Projets en tête… Hiè ! » siffla-t-il enfin, « mais après ? après tout cela ? Comment fixer, avec ces mots et ces figures éparses, une histoire que d’autres — qui ne la sauraient point d’avance, — réciteraient ensuite sans erreur ? » Il se tapotait la cuisse du bout de la planchette-incrustée, et son regard passait, avec un dédain, sur Iakoba, toujours indifférent, et sur les signes illusoires : « Non ! ce n’est pas là autre chose que les tresses nouées, si faussement nommées « Origine-de-la-Parole » et bonnes seulement à raconter ce que l’on sait déjà !