Le chrétien marqua, en haussant les épaules ainsi qu’il avait vu faire les Missionnaires, que ces dires ignorants restaient pour lui sans importance. Néanmoins, il montrait une inquiétude : car le prêtre Noté ne tarderait point à paraître, marchant, selon qu’il avait coutume tous les jours, vers le faré-de-prières. Il surprendrait Paofaï et s’indignerait. Celui-ci ne semblait pas songer à s’en aller vite, car il reprit :
— « Oui ! Partout ils font ainsi, maintenant, les hommes maori ! Ils honorent les étrangers ; les étrangers acceptent les hommages, et leur haleine empoisonne tout.
— Les étrangers sont parfois des envoyés du Seigneur », répliqua le chrétien. « D’ailleurs, on ne peut les mépriser sans risquer bien des ennuis. »
Paofaï murmura par dedans ses lèvres avec cette voix assourdie des Maîtres qui, sous le couvert de paroles plaisantes, répandent de justes avis :
— « Qu’ont-ils fait les hommes de Moüna-Roa ? Ils n’ont pas méprisé le chef blanc Tuti.
» Qu’ont-ils fait les hommes de Moüna-Roa ? Ils ont honoré leur grand ami Tuti durant deux lunaisons.
» Qu’ont-ils fait, les hommes de Moüna-Roa ? Au commencement de la troisième, ils l’ont dépecé avec respect, afin de vénérer ses os. »
Il plissa le cercle de ses paupières :
— « Les hommes de Moüna-Roa ont été bien avisés ! Pourtant, le chef Tuti ne lançait pas de maléfices !