le sol, jusqu’à son cadavre, et arraché, avec piété, les clous des bois qui l’entouraient, et disputé ses moindres vêtements, et décidé que ses os seraient tapu. Alors on s’était demandé : le fantôme ! qu’est-il devenu ? Le fantôme vaguait depuis : Téao sentait parfois le recueillir dans ses propres entrailles. — Et tout cela qu’il n’était pas bon même de penser sans paroles, Iakoba dut l’écouter, mots par mots, dans l’implacable nuit. Son angoisse grandissait. Il tressaillait à chaque bruissement nouveau. Il aurait voulu ses oreilles sourdes. Il aurait voulu s’enfoncer dans la terre humide… Il n’avait pas eu cette épouvante, seul, bras levés, jambes droites, au bord du Vaïhiria : il s’était enfui de tout son être. Ici, l’effroi du vent nocturne pesait sur ses membres et les engourdissait. Cependant, la voix se tut. Une grande clameur monta de la foule suppliante vers l’inspiré qui haletait d’allégresse ; et qui se retint, pour dire avec douceur :
— « Je te salue, Maria, le maître est avec toi. Tu es choisie parmi toutes les femmes, Iésu, le fruit de tes entrailles est béni. »
La foule, doucement, reprit les mêmes paroles. Un apaisement tombait parmi les mots inattendus. Téao, sur la même voix confiante, priait encore :
— « Souffle-du-dieu ! Souffle-du-dieu ! descends au milieu de nous ! donne-nous de chasser les imposteurs et ceux qui ont volé ton nom ! Ô Kérito qui me pénètre, Kérito que nous avons connu bien avant