nier où viennent, après le sacrifice, tomber les offrandes : les cochons égorgés en présages ; les hommes abattus suivant les rites ; les chiens expiatoires, éventrés. De ces bas-fonds, — où rôde et règne Tané le mangeur de chairs mortes — levaient d’immondes exhalaisons, et une telle épouvante, qu’on eût reculé à y jeter son ennemi. Paofaï, d’un grand élan, sauta. Ses larges pieds disparurent dans une boue, broyant des os qui craquaient, crevant des têtes aux orbites vides. — Puis, s’affermissant dans la tourbe tiède, il tira de son maro un petit faisceau de feuilles tressées ; il creusa la fange ; il enfouit le faisceau ; il attendit.
Le haèré-po comprit, tout d’un coup, et s’émerveilla : c’étaient des parcelles vivantes volées aux étrangers — des cheveux ou des dents, peut-être, ou de l’étoffe trempée de leur salive — que le maître enfonçait parmi ces chairs empoisonnées : si les incantés ne parvenaient, avant la nouvelle lunaison, à déterrer ces parties de leurs êtres, ils périraient : mais d’abord, leurs corps se cingleraient de plaies, leurs peaux se sécheraient d’écailles… Or, voici que Paofaï, dans le silence de toutes choses, retint son souffle, et, s’allongeant sur le sol de cadavres, colla son oreille au trou comblé. Il écouta longtemps. Puis :
— « J’entends », murmura-t-il, « j’entends l’esprit des étrangers, qui pleure. » Il se dressa triomphant.
Térii frémissait : il n’eût pas imaginé cette audace.