reflets de l’Esprit divin passaient dans leurs esprits : ils ne parlaient plus qu’au nom de cette loi sans défaut dont le nom, d’après la Loi du Livre se disait Turé[1]. Au milieu de ces gens appelés « Juges », et dans une chaire bâtie à sa corpulence : Pomaré-le-Réformateur.
Et les cinq grands coupables parurent. Leurs poignets étaient noués sur les reins par des tresses de roa. Ils gardaient une forte assurance malgré toute l’infamie dont on les sentait chargés. Le premier, ce Téao de la vallée Pipaèrui, tenait les yeux calmes et sans haine sur la foule injurieuse. Il n’avait point, au lendemain de la nuit sacrilège, tenté d’échapper aux serviteurs des prêtres qui l’entourèrent et le saisirent. Mais, comme Iésu dont il se disait l’inspiré, le Fou avait donné ses deux bras, pour recevoir les liens. — Paofaï, qui marchait derrière lui, montrait, en revanche son grand torse d’homme vieux, tatoué de coups. Les trois autres, on ignorait leurs noms. Ils suivaient, de plein gré, leur maître Téao, et se vantaient d’en être les « apôtres ». L’un d’eux boitait, le pied brisé d’un coup de bâton. On les poussa devant l’estrade, au milieu d’une place vide. La foule se ferma sur eux.
Iakoba regardait les criminels avec une fierté dont lui seul était digne : quel autre aurait eu ce courage à suivre, dans la nuit, jusqu’au fond de la vallée, les
- ↑ Thorah.