LA LOI NOUVELLE
Un chrétien, choisi pour ses vertus et sa forte voix, cria sur la foule assemblée auprès du grand Faré-de-prières : — « Le chef-de-la-justice va parler ! » Nul ne savait quel homme, ou quel Missionnaire, peut-être, était ainsi désigné. Mais un possesseur-de-terres de chétif aspect, et assez inconnu, se leva tout droit sur ses jambes. On espéra que ce titre imposant et obscur, — dont jamais personne ne s’était revêtu, — prêterait à son discours une inhabituelle majesté. Il donna seulement l’ordre d’amener les « cinq grands coupables ».
La foule s’éjouit dans l’attente d’un spectacle neuf. Pour la première fois allait siéger le Tribunal. On nommait « Tribunal » cette compagnie de possesseurs de terres, de chefs, et même de bons chrétiens de bas ordre, chargée de représenter dans les îles Tahiti, la volonté du Seigneur Kérito. Pour ce faire, ils montaient sur une estrade : aussitôt leurs paroles et leurs conseils prenaient une vertu singulière : des