une voix parmi les premiers assistants, « et en d’autres pays, n’est pas bon pour nous, maintenant… » Et Noté le Missionnaire, perdu jusque-là parmi la foule, se rapprocha des marches de l’estrade. On s’étonna qu’il ne prît point sa place parmi les juges. Il se tint à mi-chemin du Tribunal. Téao le vit et lui jeta :
— « Ce qui est bon pour vous, vous autres, les hommes à peau blanche, l’est-il donc également à nos yeux et à nos désirs ? Et si les tané dans votre terre sont à ce point vieillards et impuissants qu’une femme suffise à leurs maigres appétits, pourquoi se contenter ailleurs de cette disette ridicule ! » Et Téao, précipitant son discours avec adresse :
— « Qu’importent, après tout, à l’atua ou aux troupes des dieux de tous les pays, qu’importent les enlacements des petits hommes qui halètent : et quelle est donc l’oisiveté de votre Seigneur, pour que, du firmament où vous le juchez, il descende à compter des épouses, à tarifier des ruts que l’on paie à ses disciples avec de pleins bambous d’huile, à épier ces grands coupables qui, le jour du sabbat, ont planté un clou dans une pirogue, ou dormi sous vos discours pesants ! Je sais bien que l’atua Kérito, le mien, qui m’illumine, et le Souffle divin, et la Paréténia, ne s’abaissent jamais à de tels travaux. — Ce sont des œuvres de prêtres… œuvres de serviteurs rusés ! mais Ils volent très haut, dans le ciel du ciel de Tané, et les prières, et les discours, et les paroles