avaient des chefs de leur race, de leur taille, ou plus robustes encore ! Ils avaient d’inviolables coutumes : les Tapu, qu’on n’enfreignait jamais… C’était la Loi, c’était la Loi ! Nul n’osait, nul ne pouvait les mépriser ! Maintenant, la loi est faible, les coutumes neuves sont malades qui ne peuvent arrêter ce qu’elles nomment crime, et se contentent de se mettre en colère… après ! Un homme tue : on l’étrangle : la sottise même ! Cela fait-il revivre le massacré ? Deux victimes au lieu d’une seule ! Deux hommes disparus au lieu d’aucun ! Les tapu défendaient bien mieux : ils ne protègent plus. Vous avez perdu les mots qui vous armaient et faisaient la force de vos races, et vous gardaient mieux que les gros mousquets de ceux-ci… Vous avez oublié tout… et laissé fuir les temps des autrefois… Les bêtes sans défense ? Les autres les mangent ! Les immémoriaux que vous êtes, on les traque, on les disperse, on les détruit ! »
La foule menaçait de plus belle et pressait l’impie. Le visage de Noté suait avec cette fureur pâle dont les étrangers ont coutume… Il enjoignit au chef de se lever, et de poser sa puissante volonté. Le roi hésitait : car il n’avait jamais eu de tels discours à prononcer :
— « La société mauvaise, appelée société des Arioï a été détruite par un décret royal, durant la deuxième lunaison de l’année mil huit cent seizième après la naissance de Kérito — comme il est écrit dans les