Page:Segalen - Les Immémoriaux.djvu/281

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— L’aisance même », rassura Noté. Mais une voix lente et douce, flottant sur les autres rumeurs, se levait du groupe détestable : Téao disait avec sérénité, vers ses disciples immobiles :

— « Venez, la troisième nuit après ma mort, au pied de l’arbre où je serai pendu. Vous me verrez, libre et réanimé, monter vers le firmament de Iésu. Et je m’assiérai à Sa droite. »

Puis Noté parla très vite, mêlant à son discours ces vives paroles du Livre, qui défend : « S’il s’élève au milieu de toi, un prophète ou un songeur qui annonce un signe ou un prodige, tu n’écouteras pas les paroles de ce prophète ou de ce songeur, car c’est l’Éternel votre dieu qui vous met à l’épreuve pour savoir si vous aimez l’Éternel. » Et la fougue du Missionnaire gagna le Roi lui-même, qui, sortant de sa lourdeur, apostropha les criminels avec des injures et des menaces non apprises :

— « Ainsi ! quand les prières, les formules, les rites et le culte étaient judicieusement établis par le Roi, acceptés, reconnus par tous les chefs, ces gens-là prétendaient bouleverser tout encore, au préjudice des véritables et bons chrétiens ! Quelle ignorance ! Quelles mauvaises mœurs ! » Il cria : « Mais je vous jetterai à la mer !

— Admirable », affirma Noté. « Le Roi Piritané n’eût pas mieux discouru. » Puis tous deux parurent se consulter, et Pomaré conclut enfin que la Loi Nouvelle, bien que rigoureuse, tenait compte des pre-