voyait les piquer dans des boîtes, et les confier aux navires qui partaient vers la Piritania. Il disait les envoyer, comme précieux. Et c’était pour cela seul qu’il avait quitté sa terre ! Ces Piritané, quand ils ne sont pas Missionnaires, et que le Seigneur ne les inspire pas, sont aussi fous que les autres hommes — et plus à craindre à cause des mousquets. — Mais Aüté n’était point à craindre : à mépriser, seulement un peu. Et ce qu’il remâchait ainsi, au long de la route joyeuse, ne devait pas tenir beaucoup d’intérêt. — « Eh bien », consentit Iakoba, « quel parler neuf ?
— Tous les faré sont vides, sur la route. » La voix d’Aüté semblait chargée de peine. « Dis-moi, Iakoba tané, combien de vivants nourrissait l’île quand tu es parti pour ton grand voyage ? »
Voilà qui n’était pas à demander, vraiment ! Qui s’en inquiétait ?
— « Moi je le sais maintenant : Deux hommes, pour un seul d’aujourd’hui. La moitié sont morts depuis vingt ans.
— Aué ! » fit allègrement le diacre : « ceux qui restent ne se plaindront plus de famines ! » et il pensait : « mieux vaut la moitié moins d’hommes sur terre Tahiti, et qu’ils soient bons chrétiens et baptisés, plutôt que le double d’ignorants détestables ! »
Mais Aüté se récriait encore : — « Cette bâtisse, à quoi sert-elle ? » Il montrait de grands murs sans fenêtres levés sur un terrain vide. Iakoba ne savait pas