à voir l’étranger recueillir ces racontars païens, de confiance, — les yeux brillants, les doigts agiles, — sans même flairer la tromperie ou le désordre du récit. Il répandait hors de sa bouche des centaines de noms, interminables et profus ; il mélangea les attributs des atua-supérieurs, troubla les quantités jadis éternelles de leurs ruts les plus fameux. Il confondit leurs changements de formes, leurs autels, leurs simulacres. Et il inventa de nouveaux petits dieux. — Aüté implorait encore :
— « Et les récits des premiers arrivants, sur la terre Tahiti ? Et Havaï-i, qui est le mot originel… parle-moi de Havaï-i. »
Iakoba haussa les épaules : — « Hiè ! j’y suis allé ! voici bien longtemps. Je cherchais les signes avec ce vieux païen de Paofaï… Tiens ! celui qui galope cette nuit et tout demain sur le récif ! J’ai vu une île dans du feu, pendant une tempête. Quand j’ai raconté cela aux Professeurs de la Christianité, ils ont beaucoup ri sur moi ; ils m’ont appris les signes, les vrais ; et que Havaï-i devait se dire « Havaï-i-Pé » ou bien « l’Enfer ». On ne peut s’y rendre que mort. Il vaut bien mieux ne pas y aller du tout ! »
Le jeune étranger, déconcerté, s’étirait en épiant la nuit. Elle veillait, limpide et douce à tous les vivants, mais triste pour lui, puisque privée de son amie. Il se levait pour chercher Eréna peut-être. Iakoba se hâta de proférer :
— « Voici qui t’amusera davantage. Un prêtre