ment le contour, au large du récif. Deux journées lui suffirent à tout apprêter. Au troisième lever du soleil, il emplit le creux de la pirogue de noix de haari, pour la soif, et de fruit de uru, pour la faim. Puis, aidé de quelques fétii et d’une nouvelle épouse, il leva le pahi tout chargé. Tous, ils le portaient à petits pas trébuchants, car la coque était lourde et le corail leur déchirait les pieds. Le pahi flotta. La femme s’accroupit en avant du mât.
— « Vous restez, vous autres ? » dit gaîment Térii, suivant l’usage.
— « Tu t’en vas, toi ? » répondit-on avec politesse, d’une seule voix. Un pied dans la pirogue, Térii prit appui sur le sable et poussa vigoureusement. Puis il pagaya quelque temps dans les calmes eaux claires.
Il franchit le récif par la passe appelée Ava-iti. La pirogue aussitôt tangua sous les premières poussées de la houle, et le souffle du maraámu — le vent inlassable qui pousse vers le soleil tombant — gonfla brusquement la natte pendue au mât dans son cadre de bambou. La coque bondit. Térii la guidait à coups brefs de sa pagaie qui tranchait l’eau tout à l’arrière comme une queue d’atua-requin. Parfois, lorsque la brise, ayant ricoché au flanc des montagnes, accourait du travers, le pahi se couchait sur la gauche et le balancier, ruisselant dans l’air, vacillait, tout prêt à chavirer. Vite, la femme Tétua, cramponnée sur la traverse, pesait à son extrémité. Elle s’agrip-