tude. Car les riverains, l’entourant, déjà se surprenaient qu’il frayât avec les deux criminels. Aüté s’étonnait lui-même : « Tu connais donc ce pauvre homme ? » Iakoba tenta de se dérober et de les jouer l’un par l’autre : — « Tu me demandais les vieilles histoires ? Mais celui-là va te les raconter toutes ! Il a collé sa bouche à la bouche du vieux sorcier ! Il doit savoir, lui ! » Et Iakoba secouait son ventre avec un rire forcé, et il reculait encore. Mais Paofaï : — « Tu ne te souviens pas, Térii à Paraürahi… la pierre-du-récitant… — « Il est fou, déclara le diacre, comme surgissaient les gens aux pirogues qui agrippèrent leurs fuyards. En même temps, sur le chemin clair, apparaissait une femme dont la marche se faisait hâtive et joyeuse : — « Eréna ! » Aüté s’élançait vers elle. Il vit derrière, deux hommes — deux matelots — chargés de sacs rebondis. Tout blême, il se retint, en dévisageant Iakoba. Iakoba restait impassible, même sous les injures de Paofaï, — et le vieux n’en démordait point : — « Homme sans mémoire ! Térii qui as perdu les Mots ! Térii qui m’as nommé son père… J’aurais dû te serrer le cou dans ton premier souffle ! » On l’entraîna sur le corail, encore, selon le châtiment. De plus loin : — « Térii… Térii… Tire ton œil et fais-le manger à ta mère ! » Les assistants frémirent sous l’épouvantable injure. Iakoba souriait en considérant les matelots et leurs faix. Aüté lui bondit au visage : « Tu as vendu ta fille… tu es… » C’étaient là parlers
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