on célébrait les étrangers blêmes sur un mode pompeux à la fois et plaisant.
Dans un silence, Haamanihi harangua la foule. Il invitait à servir les hommes au nouveau-parler : — « Il serait bon de leur offrir de grands présents. Que les porteurs de féï devancent le jour, et montent recueillir des fruits ; qu’ils amarrent des cochons-d’offrande. En dépit d’autres dons les accepteront-ils, ces étrangers qui refusent des femmes ! Voici : dix hommes de la terre Papénoo marcheront à la montagne et rapporteront vingt régimes de féï. Dix autres hommes de la terre Arué pécheront avec des torches dans la baie. Quand les Piritané auront achevé leur faré-de-prières, et qu’ils sacrifieront à leurs atua, eh bien ! on redoublera les présents ! » Le chef de Papénoo se leva : — « Il est bon que dix hommes de la vallée courent avant le jour dans la montagne… » Un prêtre de Piraè haranguait ses compagnons. Dans la foule, des gens empressés criaient aussi : — « Il est bon de récolter du féï pour les étrangers… » Puis, un à un, les chants s’éteignirent. La nuit étendue, plus froide, coulant un alanguissement sur les visages, assourdit bientôt les parlers des vivants.
Des couples unis avaient trouvé refuge dans l’enceinte étrangère. Comme ils s’enlaçaient, leurs halètements de joie, frappant les sèches murailles, s’épanouirent dans l’ombre qui leur répondait. L’air immobile et sonore, enclos dans le grand faré vide,