à y prendre place. La femme suivit. Haamanihi ne quittait point ses amis. La foule nageait. Térii, comme les autres, filait sur l’eau.
Chemin faisant, l’un des étrangers questionnait assez naïvement le grand-prêtre. Il s’étonnait des vocables pompeux dont on use envers un chef.
Haamanihi le regarda longuement, non sans un mépris : — « Et toi, parles-tu vers tes maîtres avec la même voix que tu prodigues à tous les autres ? Homme ignorant, malgré que tu me paraisses grandement ingénieux ! — Mais tout ce qui regarde la majesté de l’Arii, ses membres, ses oreilles, la lumière de ses yeux, les moindres parties de son corps, ses vêtements, son nombril, sa démarche, ses actions, et les paroles de ses entrailles, et toute sa personne… mais cela exige des mots réservés à Lui seul ! Si tu le salues, ne dis pas « Aroha ! « comme au simple prêtre, mais « Maéva ! » Si tu fais sa louange, si tu le supplies, si tu le nommes heureux à la guerre et puissant auprès des femmes, même si tu le déclares menteur et lâche, tu dois employer le mot noble.
— Tu m’enseigneras donc les mots nobles, » répondit l’étranger avec douceur. Haamanihi réfléchit, le temps de pagayer trois ou quatre fois ; puis, sentant éveillé le bon vouloir de l’autre, il songeait à lui glisser une habile requête, à propos de ce mousquet… Mais on accostait le navire. Le chef étranger monta rapidement. La pirogue Arc-en-ciel louvoyait