passage, l’avait précédé. Il entendait ses rires et ses paroles satisfaites, et se résolut à la rejoindre.
Pour fêter la présence de Pomaré, les étrangers répandaient avec largesse cette boisson qui brûle et rend joyeux. Eux-mêmes prétendaient s’abstenir. Peut-être en réservaient-ils l’usage à leurs rites solennels et secrets. Haamanihi n’ignorait point les merveilleux effets qu’on pouvait attendre de ce áva, plus rude et plus acre que tous les áva maori ; et il supplia pour en obtenir encore :
— « J’ai besoin de courage ! » affirmait-il, « de beaucoup de courage : j’ai deux hommes à tuer pour le sacrifice de cette nuit. »
Les étrangers frémirent en manifestant une stupide horreur. Mais Pomaré, gaîment, s’était emparé du vase allongé contenant la précieuse boisson :
— « Donnez-moi votre áva piritané… Nous sommes fétii, maintenant ! » On répondit :
— « Cette boisson-là n’est pas bonne pour les chefs ; elle rend malade ; elle trouble la vue et la démarche…
— Pas bonne pour les chefs ? Pas bonne pour les autres ? Je la boirai donc à moi tout seul, comme ceci. » Et Pomaré s’en emplit la bouche. Ses yeux roulaient et larmoyaient. Il toussa beaucoup, et soudain, frappa violemment de sa tête — semblable au faîte d’un mont — les poutres du navire ! Or, ses gens le considérant avec scandale, s’apprêtaient