à calmer sa digne violence… le chef riait au contraire ! Puis il reprit une grande majesté, et gravit les degrés de bois — taillés pour un enfant — qui menaient au toit du bateau. Alors il désira danser un peu et commença le ori dans lequel on chante : Aué ! la femme est… mais Haamanihi l’arrêta :
— « Les Piliers de ton corps ne te porteraient pas ! Tu as bu le áva des étrangers. Prends garde ! Et dirige bien, où tu marches, les Éclairs de tes yeux ! Eha ! l’Arc-en-ciel ! » Déjà le chef avait sauté au hasard dans un pahi de manant, et il réclamait à voix forte :
— « Le salut ! Le salut ! comme aux Arii Piritané ! »
Il attendit avec défiance et fierté que la voix du gros mousquet tonnât de nouveau. Alors il s’étendit, comme ensommeillé, dans le creux de la pirogue. Son épouse pleurait de dépit : elle voulait dormir avec un prêtre étranger. Haamanihi, seul, qui n’avait pas bu selon la soif de son gosier, implorait encore, en s’en allant, « la boisson qui donne le courage… »
Puis, l’Arc-en-ciel, poussé par les pagayeurs du chef, gagna rapidement la terre. Le grand-prêtre, pour la seconde fois, s’irritait de ce navire mystérieux, inquiétant et paisible, où l’on n’obtenait même pas le áva brûlant ; il s’étonnait de ces prêtres